Vivre la vie intérieure, c’est vivre dans la joie. Encore faut-il pouvoir établir un lien entre notre vie intérieure et notre vie extérieure..La seule lecture de ce livre s’en chargera en nous faisant prendre conscience que chaque instant de la vie nous offre une opportunité en or, tant pour écarter la dépression, la frustration, la colère, la peur et toute autre qualité négative que pour faire ressortir les qualités divines de notre monde intérieur : l’amour, la paix, la joie et la lumière. Sri Chinmoy nous rappelle qu’être spirituel, c’est être normal, équilibré, «divinement»pratique dans toutes ses activités quotidiennes, car notre vie extérieure ne devrait être que la manifestation de notre vie divine intérieure. Un livre simple, pratique, concret, plein d’esprit et de joie qui ne manquera pas d’éclairer la grisaille de notre vie.
Vivre dans la Joie
Nous sommes tous des chercheurs, et nous avons un but commun : réaliser la paix, la lumière et la joie intérieures, nous unir inséparablement à notre Source, et mener une vie emplie de véritable satisfaction.
Vivre la vie intérieure, c’est vivre dans la joie. C’est la vie qui conduit à la réalisation de soi. Se réaliser signifie réaliser Dieu, car Dieu n’est autre que la divinité profondément enfouie en nous, attendant d’être découverte et révélée. Nous pouvons également appeler Dieu notre Pilote intérieur ou bien encore le Suprême. Mais quel que soit le terme que nous utilisons, c’est du Plus-Haut en nous, du but ultime de notre quête spirituelle, dont nous voulons parler.
Ce n’est qu’en nourrissant notre vie intérieure que notre vie extérieure peut trouver un sens véritable. Nous nourrissons bien notre corps trois fois par jour. Mais nous ne trouvons pas le temps de nourrir l’enfant divin qui se trouve au fond de nous et que l’on appelle l’âme. L’âme est le représentant conscient de Dieu en nous. Tant que cet enfant ne sera pas comblé, nous ne pourrons jamais être comblés dans notre vie extérieure.
Comment établir le lien entre la vie intérieure et la vie extérieure ? En apprenant l’art divin de la méditation, il est facile de réunir consciemment ces deux mondes. Lorsque nous pratiquons la méditation, chaque instant de la vie nous offre une opportunité en or, tant pour écarter la dépression, la frustration, la colère, la peur et toute autre qualité négative, que pour faire ressortir les qualités divines du monde intérieur : l’amour, la paix, la joie et la lumière.
Une personne spirituelle doit être une personne normale, une personne équilibrée. Pour atteindre Dieu, une personne spirituelle doit être «‑divine-ment‑» pratique dans ses activités quotidiennes. Avec un sens pratique divin, nous partageons notre richesse intérieure. Nous ressentons la motivation divine de chaque action et nous partageons le résultat avec les autres. La spiritualité ne renie pas la vie extérieure. La vie extérieure devrait être la manifestation de notre vie divine intérieure.
Mon âme est responsable de mes actes rayonnants.
Mon cœur est responsable de mes sentiments édifiants.
Mon mental est responsable de mes pensées transformatrices.
Mon vital est responsable du flot de mon énergie.
Mon corps est responsable de ma vie d’efforts.
La conscience : l’étincelle de vie
La conscience est l’étincelle de vie qui unit chacun d’entre nous à la Vie Universelle. Elle est le lien entre Dieu et l’homme, entre le Ciel et la terre. Sans conscience, tout n’est qu’un désert aride. De même que nous allumons une lampe de poche pour nous éclairer lorsque nous entrons dans un endroit sombre, de même avons-nous besoin de la conscience pour voir ce qui se passe dans la partie obscure de notre vie.
La conscience est comme une échelle. Vous pouvez en monter et descendre les différents échelons. Si vous arrivez à méditer profondément, chaque plan de conscience se présentera à vous. Le premier échelon est le corps physique. Le second échelon est le vital. Le vital est un terme utilisé en philosophie indienne. Il représente les qualités émotionnelles, agressives et dynamiques. Le troisième échelon représente le mental. Au-dessus du mental se trouve le cœur spirituel. C’est dans le cœur spirituel que l’on ressent la « pulsation » de l’âme. L’âme est le messager de Dieu qui rayonne en nous. Elle ne connaît ni naissance, ni déclin, ni mort. Elle est éternelle. Elle est immortelle. Elle émane directement de Dieu, reste en contact avec Dieu et retournera à Dieu.
Avant de s’incarner, l’âme reçoit un message intérieur concernant son but divin sur terre. Elle est pleinement consciente de sa mission. Mais au cours de notre vie, l’action du mental physique peut parfois recouvrir l’inspiration divine de l’âme et son but véritable. La mission de l’âme ne peut alors plus se manifester. Ce n’est que lorsque nous aspirons aussi bien avec le mental, le cœur et l’âme que nous pouvons connaître le but de notre existence ici sur terre.
L’imploration intérieure
L’aspiration est l’imploration ascendante qui s’élève de notre cœur. Nous pouvons entrer dans la conscience divine par cette imploration. Cette imploration n’invoque ni notre réputation, ni notre gloire. Elle invoque notre unité totale, inconditionnelle et sans réserve avec Dieu, le Pilote intérieur du bateau de notre vie.
Certains ignorent complètement l’existence du Pilote intérieur. D’autres la connaissent, mais ne veulent avoir aucune relation ni communion avec Lui. Pour un aspirant sincère, la communion constante avec le Pilote intérieur est une nécessité. La seule connaissance de l’existence de Dieu en lui ne le satisfait pas. Il veut être dans la conscience de Dieu et il veut communier avec Lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Dans notre vie quotidienne, Dieu doit devenir une réalité vivante. Nous devons ressentir que la présence de Dieu est d’une importance capitale. Lorsque nous ne mangeons pas chaque jour, notre corps physique est affamé. De la même manière, nous devons ressentir que si nous ne prions pas et ne méditons pas chaque jour, nous faisons mourir de faim notre corps spirituel. Lorsque nous aspirons avec les larmes de notre cœur, nous voyons Dieu descendre d’En-Haut. C’est comme la rencontre de deux personnes‑; l’une se trouve au premier étage, et l’autre au troisième étage. Nous montons au deuxième étage, et Dieu descend au deuxième étage. C’est là que nous nous rencontrons en toute satisfaction.
L’escalier qui conduit au deuxième étage est créé par l’imploration de notre cœur. C’est cela même, l’imploration de l’aspiration‑; il ne s’agit pas du torrent de larmes que l’on verse lorsqu’on fait quelque chose de mal. Le cœur pleure et implore comme une flamme brûlante qui s’élève toujours vers le haut. Dieu descend avec Sa grâce, telle une rivière qui coule vers la vallée. Lorsque l’aspiration et la Grâce se rencontrent, nous vivons l’expérience de l’accomplissement divin de l’union avec Dieu.
Non, aucune imploration ne peut rester lettre morte.
Devenir un potier spirituel
Lorsque nous acceptons la vie spirituelle dans le sens le plus pur du terme, nous ne renonçons pas pour autant au monde, et nous n’essayons pas non plus de nous en échapper. Nous acceptons le monde et tentons de le combler de manière divine, ou selon la volonté de Dieu. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que Dieu ne se trouve qu’au Ciel et nulle part ailleurs. Dieu est au Ciel, mais Il est aussi sur terre. Le Créateur ne peut jamais être séparé de Sa création. Ce monde, notre monde, est Sa création. Il est ici. Il est en toute chose.
Nous devons accepter le monde tel qu’il est. Si nous n’acceptons pas une chose, comment pouvons-nous la transformer‑? Si le potier ne touche pas l’argile, comment la transformera-t-il en un pot ? Si son objectif est de faire un pot ou un pichet, il doit travailler l’argile. L’argile est le monde. Nous devons transformer le monde grâce à notre dévouement à la divinité qui réside en l’humanité.
Ne pensez pas qu’en priant Dieu ou en méditant sur Dieu, vous ne vous occupez que de vous-même et laissez de côté le reste de l’humanité. Si vous allez au pied de l’arbre de la création, vous verrez que Dieu représente les racines. Si vous arrosez les racines de l’arbre, l’arbre de la création poussera selon la volonté de la Loi divine. L’attention que vous portez aux racines de l’arbre, autrement dit à Dieu, nourrira toutes les branches qui vivront ainsi selon la Perfection de Dieu.
Les branches de l’Arbre-Dieu
La réalisation de Dieu signifie la découverte de soi au sens le plus élevé du terme. C’est la réalisation consciente de son unité avec Dieu. Tant qu’un aspirant n’est pas réalisé, il ressent que Dieu est quelqu’un de différent qui possède une puissance infinie, tandis que lui, l’aspirant, n’est que la personne la plus faible de la terre. Mais dès qu’il réalise Dieu, il sait que Dieu et lui sont absolument un dans la vie intérieure comme dans la vie extérieure. La réalisation de Dieu signifie l’identification avec son Soi le plus haut.
Chaque individu doit réaliser Dieu en fonction de sa capacité intérieure. Et chaque individu peut choisir l’aspect de Dieu qui lui plaît le plus. L’un choisira l’aspect personnel de Dieu — l’Être le plus lumineux —, tandis que l’autre préférera l’aspect impersonnel de Dieu — l’Énergie infinie. Par ailleurs, un troisième ne sera satisfait que si le Dieu qu’il réalise est un Dieu qui dépasse son imagination. Dieu est à la fois personnel et impersonnel. Dieu viendra à chacun selon le choix de chacun, pour le satisfaire à sa manière.
Dieu est à la fois masculin et féminin. En occident, le terme le plus commun est « Père ». En orient, nous parlons très souvent de la Déesse suprême. Mais lorsque je suis avec des occidentaux, j’utilise le terme qui vous est le plus familier, parce que je pense qu’il me sera plus facile de partager mes expériences avec vous de cette manière.
La spiritualité peut être pratiquée indépendamment de la religion à laquelle on appartient. La religion peut être comparée à une maison. Vous habitez une maison, et j’en habite une autre. Bien que nous vivions dans des maisons différentes, nous avons tous les deux envie d’apprendre le même sujet, la réalisation de Dieu. Nous allons donc à la même école, une école intérieure. Lorsque nous prions Dieu et méditons sur Dieu, nous nous rendons à cette école intérieure. Pour y aller, nous pouvons prendre le même chemin ou bien des chemins différents. Mais nous quittons chacun nos maisons respectives.
Un véritable aspirant aura le respect le plus profond et la plus grande vénération pour toutes les religions. Nous pouvons vénérer toutes les religions et les revendiquer comme nôtres. Chaque religion est comme une branche de l’Arbre-Dieu. Comment pouvons-nous renier la valeur des branches si nous acceptons l’arbre comme notre bien propre ? Chaque religion a raison, absolument raison, à sa propre manière, mais lorsque nous aspirons à la Vérité la plus élevée, l’amour de Dieu devient notre seule religion.
La véritable spiritualité n’exigera jamais le renoncement à une religion. En gardant votre religion tout en pratiquant la vie spirituelle, vous pourrez courir au plus vite vers le but. Votre propre religion vous donnera une confiance permanente en ce que vous faites. Mais un jour, vous pourrez ressentir le besoin de transcender la religion. Dans tous les cas, votre but est de réaliser Dieu, qui, tout en incarnant toutes les religions, est en même temps bien au-delà d’elles.
L’éveil de soi signifie l’épanouissement de Dieu en moi et à travers moi.
Commencez ici et maintenant.
Pour atteindre l’unité avec Dieu, vous devez entreprendre consciemment votre voyage spirituel. La devise de l’âme est : « Ici et maintenant. » Si vous n’avez pas encore commencé, votre âme veut que vous commenciez votre voyage spirituel dès maintenant. Peu importe que vous ayez ou non des doutes au sujet de l’existence de Dieu. Doutez autant que vous voulez. Un jour, vous finirez par être fatigué de douter de Dieu. Vous pouvez douter de l’existence de la paix intérieure et de la béatitude aussi longtemps que vous le voulez. Mais il vaut tout de même mieux commencer votre voyage intérieur dès maintenant, même si vous avez des doutes au sujet de la vie intérieure ou de la réalité de Dieu.
Si vous êtes simplement curieux de savoir ce qu’est la spiritualité, abordez la spiritualité avec toute votre curiosité. Voyez si elle est quelque chose de superficiellement fascinant ou bien quelque chose de profond et vaste à quoi vous pouvez dédier votre vie tout entière. Vous pouvez commencer par curiosité, mais bientôt votre curiosité deviendra une véritable aspiration. Il est également très bien d’entrer dans la vie spirituelle en suivant l’exemple d’autres. Si vous voyez l’un de vos proches rayonner de paix et de joie depuis qu’il mène une vie spirituelle, il n’y a rien de mal à en faire autant.
J’aimerais vous raconter une des histoires préférées du grand Maître spirituel Ramakrishna. Un jour, un voleur entra à minuit dans un palais et surprit une conversation entre le roi et la reine. Le roi disait à la reine : « J’aimerais que notre plus jeune fille épouse un homme spirituel, afin qu’elle vive dans la paix. Toutes nos autres filles ont épousé des rois et des généraux, mais leur vie est misérable. Les hommes spirituels ont une vie très paisible, aussi sa vie sera-t-elle emplie de paix si elle en épouse un. Tôt demain matin, j’enverrai mes ministres prospecter sur les rives du Gange, là où de nombreux saints méditent. Je suis sûr que l’un d’entre eux acceptera d’épouser notre fille. »
Le voleur, ayant surpris cette conversation, se dit : « Mon Dieu, un de ces pauvres moines va obtenir la main de la princesse ? Je vais m’y rendre et méditer avec les moines. Qui sait, peut-être pourrai-je être choisi. Pour l’instant, je vole pour trouver un peu d’argent. Mais si je plais à la princesse, je deviendrai riche en une nuit. Je serai couvert de biens matériels. »
Le lendemain matin, déguisé en homme pieux, le voleur se rendit sur les bords du Gange et commença à méditer avec les autres moines. Bientôt, les ministres du roi arrivèrent et se mirent à questionner les moines l’un après l’autre pour trouver celui qui voudrait bien épouser la princesse. Les moines, furieux, s’écrièrent : « Nous aspirons à la lumière infinie, à la vérité infinie, à la joie infinie, et vous voulez nous enchaîner à nouveau à ce monde ? Nous ne voulons pas d’une vie matérielle et encore moins de possessions matérielles‑!‑» Les pauvres ministres furent repoussés et insultés par tous les moines. Les moines n’étaient pas intéressés par la princesse ; ils ne se souciaient que de trouver la lumière la plus élevée et la richesse intérieure.
L’un après l’autre, les moines déclinèrent la proposition. Finalement, lorsque les ministres arrivèrent au voleur, celui-ci accepta la fille du roi. Ils retournèrent donc auprès du roi et lui firent le récit de leur recherche. Lorsqu’il apprit que l’un des moines s’intéressait à la princesse, le roi fut comblé de joie. —-« Demain, j’amènerai ma fille sur les rives du Gange », dit-il.
Mais pendant la nuit, une pensée divine entra dans l’esprit du voleur. Il se dit : « Je ne suis qu’un faux saint. En faisant semblant d’être un saint, je ne fais qu’obtenir la main de la princesse ainsi qu’une grande richesse. Mais si je deviens vraiment et sincèrement un moine, je suis sûr que j’obtiendrai une puissance infinie, une lumière infinie, une béatitude infinie, une paix infinie, tout ce que ces moines authentiques reçoivent un jour de Dieu. Pourquoi devrais-je m’attacher à cette richesse matérielle limitée alors que j’ai la possibilité de trouver la lumière, la béatitude et la puissance illimitées de la richesse infinie de Dieu ? »
C’est ainsi que le voleur changea d’avis au cours de la nuit, et lorsque le roi s’approcha de lui le lendemain, il ne lui accorda aucun respect. Il s’enflamma et lui dit : « Ô roi, ne m’attachez pas à ce monde matériel. Je veux Dieu et Dieu seul. Je n’ai pas besoin de votre fille. » Le pauvre homme rentra dans son palais et le voleur devint un véritable saint.
Cette histoire montre clairement que l’on peut commencer son voyage spirituel à n’importe quel moment. Le voleur commença par faire semblant. Mais il fut inspiré par les véritables saints qui aspiraient sincèrement à Dieu et à Dieu seul. De l’inspiration, il entra dans l’aspiration. Son désir d’argent et de richesse matérielle ne le satisfaisait plus, parce qu’il avait compris qu’il y avait quelque chose d’infiniment plus satisfaisant à gagner.
Si vous aimez encore douter ou être curieux, alors commencez avec votre doute, commencez avec votre curiosité. Mais commencez ! Pas à pas, vous pourrez avancer vers votre but. Dieu est déjà prêt à vous recevoir. Peut-être n’êtes-vous pas impatient de posséder Dieu, mais Dieu, le Père éternel, Dieu, la Mère éternelle, pleure pour vous accueillir. Décidez simplement que vous voulez Dieu. Si vous voulez vraiment Dieu, alors commencez là où vous êtes. Ici et maintenant. Votre but sera l’unité consciente avec Dieu, la Lumière infinie et la Vérité infinie.
La Méditation : la clé de la vie intérieure
La méditation est un cadeau divin. La méditation simplifie notre vie intérieure et dynamise notre vie intérieure. La méditation nous donne une vie naturelle et spontanée, une vie qui devient si naturelle et si spontanée que nous ne pouvons plus respirer sans être conscient de notre divinité.
La différence entre la prière et la méditation est la suivante : lorsque nous prions, nous ressentons notre existence comme une flamme qui s’élève directement vers le ciel. La nature même de la prière est d’atteindre Dieu en s’élevant. Lorsque nous méditons, soit nous nous jetons dans un espace immense, dans un océan infini de paix et de béatitude, soit nous accueillons l’Immensité infinie en nous.
La prière et la méditation sont comme les deux faces d’une même pièce. Toutes les deux sont aussi importantes. Lorsque je prie, je parle et Dieu écoute. Lorsque je médite, Dieu parle et j’écoute. Lorsque nous prions, nous nous élevons vers Dieu ; lorsque nous méditons, Dieu descend vers nous. Ultime-ment, la méditation et la prière sont la même chose. Cependant, il faut savoir que lorsque nous prions, nous avons le sentiment d’être séparés de Dieu, en tant qu’individus. Nous avons l’impression qu’Il est quelque part et que nous sommes ailleurs. Nous levons les yeux vers Lui et nous aspirons à Lui, mais nous ne savons ni quand ni à quel point Dieu comblera nos prières. La méditation dit : « Dieu n’est ni aveugle ni sourd ! Il sait ce qu’Il a à faire pour Se réaliser en moi et à travers moi. Je dois rester silencieux et fervent. » La prière la plus élevée fut prononcée par le Christ, le Sauveur : « Que Ta Volonté soit faite. »
Cette prière est également le début de la méditation. Là où la prière s’arrête, la méditation commence.
Méditer, c’est aller au fond de l’océan, où tout n’est que calme et tranquillité. Une multitude de vagues a beau agiter la surface de l’océan, ses profondeurs n’en sont pas affectées pour autant. Elles demeurent dans le silence. Lorsqu’on médite, on commence par essayer d’atteindre sa propre existence intérieure, sa véritable identité, ou si vous préférez, le fond de l’océan. Ainsi, lorsque les vagues du monde extérieur déferlent, elles ne nous touchent plus. La peur, le doute, l’inquiétude et tous nos tourments quotidiens s’évanouissent d’eux-mêmes : une paix indestructible s’est désormais installée en nous. Notre esprit est pénétré par la paix, le silence et le sentiment d’union avec la Divinité. Tels des poissons dans l’eau, nos pensées nagent et bondissent sans laisser de traces.
Lorsque nous sommes dans notre méditation la plus élevée, nous sommes semblables à l’océan, dont les créatures qui l’habitent n’inquiètent pas la majesté. Nous sommes semblables au ciel, dont les oiseaux ne troublent pas la sérénité. Notre esprit est le ciel et notre cœur est l’océan infini. Voilà ce qu’est la méditation.
Commencer à méditer
Lorsque vous méditez chez vous, réservez pour votre méditation un coin de votre chambre, un endroit sacré, absolument pur et sanctifié. Lors de votre méditation individuelle, il est préférable de méditer seul. Avant de commencer votre méditation, il est conseillé de prendre une douche ou un bain et de mettre des vêtements propres et de couleur claire.
Si vous désirez suivre une vie spirituelle, il est souhaitable de méditer au moins une fois par jour. Il vaut mieux méditer tôt le matin, lorsque l’atmosphère est encore calme et paisible. Le soir est également un bon moment pour méditer. Si vous accordez de l’importance à votre méditation et que vous êtes sincère, la force de votre méditation augmentera automatiquement. Si vous êtes régulier et ponctuel dans votre méditation, vous constaterez facilement vos progrès. Le fait de fixer une heure pour méditer régulièrement vous aidera à lutter contre la léthargie et l’inconstance de votre mental.
Pendant la méditation, il est important que la colonne vertébrale reste droite et que le corps soit détendu. Vous verrez que votre être intérieur vous fera spontanément adopter une position confortable qu’il vous suffira alors de conserver. Certains aspirants aiment méditer en position allongée, mais cela n’est pas conseillé. Vous pourrez facilement entrer dans le monde du sommeil ou partir dans une sorte d’assoupissement intérieur. Mais cela dit, la position du lotus, qui est une posture de yoga avancée, n’est pas nécessaire pour bien méditer. De nombreuses personnes méditent fort bien assises sur une chaise.
De l’encens, des bougies et quelques fleurs devant vous vous apporteront une aide supplémentaire. La fleur extérieure vous rappellera la fleur qui se trouve dans votre cœur. Lorsque vous respirez le parfum de l’encens, c’est une inspiration et une purification qui s’ajoutent à votre trésor intérieur. Lorsque vous regardez la flamme extérieure, vous pouvez sentir aussitôt que la flamme de votre être intérieur s’élève, elle aussi, au plus haut.
La respiration
Dans la méditation, il est très important de respirer correctement. Essayez d’inspirer aussi lentement et calmement que possible, de sorte que si l’on plaçait un fil devant votre nez, il ne bougerait pas. Lorsque vous expirez, essayez de le faire plus lentement encore. Marquez si possible une légère pause entre la fin d’une expiration et le début de l’inspiration suivante. Si vous le pouvez, retenez votre souffle pendant quelques secondes ; mais ne le faites pas si cela vous est difficile. Ne faites jamais rien qui puisse nuire à vos organes ou à votre système respiratoire.
Chaque fois que vous inspirez, essayez de sentir que vous faites entrer dans votre corps une paix infinie. Lorsque vous expirez, sentez que vous rejetez l’agitation qui est en vous aussi bien que celle qui vous entoure. Après avoir respiré de la sorte plusieurs fois de suite, essayez de sentir que vous inspirez la puissance de l’univers. Lorsque vous expirez, sentez que toute votre peur quitte votre corps. Après avoir pratiqué cet exercice plusieurs fois, essayez d’imaginer que vous inspirez la joie infinie, et que vous expirez chagrins, souffrances et mélancolie.
Vous pouvez encore essayer une autre méthode. Sentez que ce que vous respirez n’est pas de l’air, mais de l’énergie cosmique‑; qu’il n’y a pas une seule parcelle de votre corps qui ne soit inondée par ce flot d’énergie cosmique. Il s’écoule en vous tel une rivière, nettoyant et purifiant votre être tout entier. Puis, lorsque vous expirez, sentez que vous rejetez tout ce qui est indésirable en vous, vos pensées non-divines, vos idées obscures, et vos actions impures.
Invitez vos amis
Si vous aimez un aspect particulier de Dieu — l’amour, par exemple —, répétez intérieurement le mot « amour » avec une grande ferveur plusieurs fois de suite. Tandis que vous répétez le mot « amour », sentez qu’il se propage dans les profondeurs de votre cœur : « amour, amour, amour. » Si vous préférez invoquer la paix, chantez intérieurement ou répétez le mot « paix ». En même temps, essayez d’entendre le son cosmique de l’univers. Sentez que le mot « paix » est le mot originel, la « graine de son » qui résonne dans les profondeurs de votre cœur. Si vous voulez recevoir de la lumière, répétez avec ferveur le mot « lumière, lumière, lumière » et sentez que vous devenez lumière. De la plante des pieds jusqu’au sommet de votre tête, essayez de ressentir que vous êtes devenu le mot que vous répétez. Sentez que votre corps tout entier est inondé d’amour, de paix et de lumière.
Voici un autre exercice : imaginez que vous vous tenez à la porte de votre cœur, et que vous avez invité l’amour, la paix, la lumière, la félicité, et tous vos amis divins. Si la complexité, l’hypocrisie, l’impureté, l’insécurité, le doute et d’autres forces négatives apparaissent, ne les laissez pas entrer. Essayez de sentir que les qualités divines comme les qualités non-divines ont pris la forme d’êtres humains, et que vous pouvez les voir de vos propres yeux. Si chaque jour, vous pouvez penser à un ami, et l’inviter à franchir la porte de votre cœur, ce sera le début d’une amitié divine. Un jour, vous ne permettrez qu’à votre ami, l’amour, d’entrer ; le jour suivant, vous permettrez à votre amie, la joie, d’entrer. Au bout d’un certain temps, vous aurez la capacité d’inviter plusieurs amis à la fois. Au début, vous n’aurez peut-être pas de quoi nourrir plus d’un ami à la fois, mais un jour, vous serez capable d’inviter tous vos amis divins.
Votre mental pose une foule de questions.
Un seul maître peut y répondre.
Qui est-il ?
Votre cœur épris de silence.
Méditer sur le cœur
Il est préférable de méditer dans le cœur plutôt que dans le mental. Le mental est comparable à Times Square un soir de réveillon : le cœur est semblable à une grotte isolée dans l’Himalaya. Si vous méditez dans le mental, vous arriverez peut-être à méditer pendant cinq minutes ; et sur ces cinq minutes, vous pourrez peut-être avoir médité réellement une seule minute. Après un premier sentiment de joie et de satisfaction, il pourra arriver que vous ressentiez un désert aride, ou bien que votre mental soit à nouveau encombré de pensées. Mais si vous méditez dans le cœur, vous serez en mesure de vous identifier à la joie et à la satisfaction obtenues ; elles deviendront vos possessions permanentes.
Il y a une immense différence entre ce que l’on obtient du mental et ce que l’on obtient du cœur. Par nature, le mental est limité, tandis que le cœur est illimité. Profondément enfouies en vous se trouvent la paix, la lumière et la félicité infinies. En recevoir une quantité limitée est chose facile. La méditation dans le mental pourra vous la procurer. Mais vous pouvez obtenir infiniment plus si vous méditez dans le cœur. Supposez que l’on vous propose deux emplois, l’un pour un salaire de deux cents dollars par mois, l’autre pour cinq cents dollars. Vous n’allez pas perdre votre temps en acceptant le premier emploi !
Lorsque vous méditez, sentez que vous êtes un enfant dans un jardin plein de fleurs. Ce jardin de fleurs est votre cœur. Un enfant peut jouer dans un jardin pendant des heures. Il ira d’une fleur à l’autre, mais il ne quittera pas le jardin parce qu’il reçoit de la joie de la beauté et du parfum de chaque fleur. Ressentez un jardin en vous dans lequel vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez. De cette manière, vous pourrez facilement méditer dans le cœur.
Est-ce que je médite correctement ?
Si vous méditez correctement, vous ressentirez une joie et une paix intérieures spontanées en vous et autour de vous. Mais si vous éprouvez une tension ou une gêne au niveau du mental, c’est que la forme de méditation que vous pratiquez ne vous convient pas. Lorsque vous avez une bonne méditation, vous ressentez de bons sentiments envers le monde. Vous voyez le monde avec amour malgré ses innombrables imperfections. Un sentiment dynamique juste après votre méditation, ou bien le sentiment que vous êtes venu au monde pour réaliser quelque chose et pour devenir quelque chose — pour devenir l’image même de Dieu et Son instrument dévoué —, sont également les critères d’une bonne méditation.
Je vous en prie, ne vous inquiétez pas si vous n’arrivez pas à bien méditer dès le début. Même dans la vie extérieure, Dieu seul sait combien d’années il faut pratiquer une matière, quelle qu’elle soit, pour la maîtriser. Si un pianiste accompli pense à son niveau à ses débuts, il en rira. C’est par un progrès constant et graduel qu’il est arrivé à son niveau musical. Dans la vie spirituelle également, vous pourrez trouver qu’il est difficile de méditer au début, mais votre capacité augmentera petit à petit.
Vous ressentirez toutefois les bienfaits de votre méditation dès le premier jour. Lorsque l’on boit ne serait-ce qu’une seule goutte d’eau de mer, elle a un goût salé. De même, si, pendant notre méditation, nous ne goûtons qu’à une seule toute petite goutte de l’océan de paix, l’expérience de cette minuscule goutte profitera à notre vie tout entière.
L’imploration de votre cœur est un véritable trésor.
L’imploration de votre cœur s’envole telle un aigle
Pour atteindre le but le plus élevé
De votre âme la plus pure.
…
Le Poison du doute et le nectar de la foi
Comme toute vertu, la foi est un don de Dieu. Mais la foi peut également être renforcée par notre effort personnel. Nous pouvons développer notre foi par la prière et la méditation. La foi est comme un muscle. De même que nous développons nos muscles lorsque nous faisons de l’exercice, nous développons notre foi en la pratiquant. De nombreux aspirants sont entrés dans la vie spirituelle par simple curiosité. Ils étaient à peine croyants. Et pourtant, quelque chose les a poussés à continuer, et plus tard, ils ont ressenti en eux l’épanouissement d’une foi plus profonde. En suivant une voie spirituelle, on acquiert forcément plus de foi.
On peut développer sa foi en fréquentant quelqu’un qui en a plus que soi. C’est comme lorsqu’on fréquente quelqu’un qui a plus de connaissances que soi ; cela fait ressortir ses propres connaissances. Ainsi, le fait de rencontrer un plus grand croyant attise la flamme de la foi. Si vous connaissez quelqu’un qui a plus de foi en Dieu que vous, allez voir cette personne, et passez un moment avec elle. Même si vous ne lui parlez pas, sa seule présence augmentera votre foi intérieure. En tant qu’aspirant, il est recommandable de fréquenter des personnes qui ont plus de capacité et plus d’aspiration que vous. Votre cœur agira inconsciemment comme un aimant divin qui attirera leurs qualités divines.
Ennemis et amis intérieurs
Le doute est le pire des voleurs dans notre vie intérieure. Il dérobe toute notre précieuse richesse intérieure. Le doute est un poison lent. Pourquoi ? Parce que le doute commence par douter de lui-même. Aujourd’hui, vous doutez de quelqu’un, demain vous douterez de vous-même. Aujourd’hui, vous arrivez à une conclusion, et demain, une nouvelle vague de doute vous enveloppera. Cela ne signifie pas que le doute d’aujourd’hui a été effacé. Non, il a juste été remplacé par un autre doute.
Vous avez gardé le doute comme ami pendant très longtemps. Si vous ne l’aviez pas considéré comme votre véritable ami, vous ne seriez pas resté si longtemps avec lui. Mais dès que vous voyez qu’un meilleur ami est sur le point d’entrer dans votre vie, vous n’êtes pas stupide, et vous dites aussitôt‑: « Maintenant, un autre ami entre dans ma vie, et je vois que cet ami me conduira vers un but plus élevé. »
Vos nouveaux amis sont la foi et le courage. Ces deux amis ont toujours été près de vous, mais c’est vous qui n’étiez pas de leur côté. Lorsque vous changez d’amis, que se passe-t-il ? Au début, vos anciens amis, la peur et le doute, essayeront de vous récupérer. Ils ne voudront pas perdre votre amitié. Mais ils finiront bientôt par se dire que vous ne méritez pas leur compagnie et ils diront : « Très bien, qu’il parte, qu’il s’en aille. S’il ne veut pas de nous, s’il n’a pas besoin de nous, alors nous non plus n’avons pas besoin de lui.‑» C’est comme la fierté humaine. Lorsque nous perdons un ami, nous essayons d’abord de le ramener à nous. Et puis, lorsque nous voyons que c’est un cas désespéré, notre ego vient en avant. Nous disons : «‑S’il n’a pas besoin de nous, alors nous non plus n’avons pas besoin de lui. » C’est ainsi que le doute et la peur nous abandonnent lorsque nous nous lions d’amitié avec la foi et le courage.
Vaincre le doute
La manière la meilleure et la plus efficace de vaincre le doute est de ressentir que vous êtes la certitude même. Ressentez que vous êtes le courage même. Essayez toujours de vous identifier à quelque chose de positif. Pour l’instant, malheureusement, il se peut que vous vous identifiez au doute, en pensant que c’est la réalité. Mais changez d’attitude, et vous direz alors que le doute et la peur ne sont pas la réalité. La véritable réalité, c’est la foi ; la véritable réalité, c’est le courage. Comment vous y prendrez-vous ? Dès que le doute entre en vous, pensez à son antidote, la foi. Lorsque le doute entre dans votre mental, prononcez immédiatement le mot « foi ». Dites simplement : « Je suis l’enfant de Dieu, comment puis-je douter de Dieu ? »
Nous ne pourrons jamais vaincre le doute par la simple pensée. Nous devons faire un effort conscient. Lorsque nous nous identifions au mental, nous n’avons pas la force de conquérir le doute, parce que le mental chérit consciemment ou inconsciemment le doute. Mais l’âme a plus de pouvoir que le mental. Aussi devrions-nous rechercher le secours de la lumière de notre âme. Chaque jour, avant que le doute ne trouve le moyen d’entrer dans notre mental, essayons de ressentir la lumière de notre âme. Chaque fois que le doute surgit, ressentons que l’âme, non seulement nous protège, mais nous donne également une nouvelle vie —une vie de foi constante et abondante, non seulement en Dieu, mais également en nous-même.
Le doute ne nous abandonnera que lorsque nous ressentirons que nous sommes destinés à faire quelque chose pour Dieu. Ce mot destiné nous donne une très grande force. Il fait surgir énormément de courage en nous. Même une personne faible de nature verra immédiatement naître en elle une forme d’héroïsme venant des mondes intérieurs lorsqu’elle dira qu’elle est destinée à travailler pour Dieu. Cet héroïsme combattra tous les obstacles avec une force et une détermination qui la surprendront. Les obstacles peuvent entrer en elle sous forme d’impureté, d’obscurité, de jalousie, de peur, de doute, mais le mot destiné balayera toute l’arrogance de toutes les forces négatives. Tout ce qui ne vient pas de la volonté de Dieu devra se soumettre à ce mot. Ainsi, avec la conviction intérieure et extérieure que nous sommes destinés à servir Dieu, nous finirons toujours par atteindre notre but.
Douter de Dieu
Même si vous doutez de Dieu, Dieu n’en perdra pas pour autant Ses capacités infinies. Vous pouvez douter de l’existence de Dieu si vous le voulez, du fait qu’Il ne se tient pas juste devant vous ; vous ne Le voyez pas ni ne Le ressentez consciemment. Mais ne doutez pas de vous-même. Si quelqu’un d’autre a réalisé Dieu, pourquoi ne seriez-vous pas capable d’en faire autant ? Le même Dieu qui existe en lui existe aussi en vous. Toutes les âmes proviennent de la même Source, qui est Dieu. Si quelqu’un a réalisé Dieu grâce à l’aspiration de son âme, vous pouvez le faire également.
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La foi fait des miracles
L’absence de doute est une chose, mais la foi, la véritable foi en est une autre. L’étude des livres et des Écritures peut nous procurer une information et une certaine compréhension. Elle peut tout au plus nous inspirer, mais elle ne peut rien faire d’autre. Dans notre vie intérieure, nous ne pourrons jamais être vraiment illuminés en nous contentant de reprendre les idées des autres. C’est en étudiant le livre éternel de la Vérité qui se trouve en nous, en écoutant constamment la voix du soi intérieur que nous serons spirituellement éclairés. Alors seulement pourrons-nous trouver la joie dans notre vie extérieure. Nous devons commencer par voir Dieu, pour ensuite devenir comme Dieu. Si nous voulons vraiment ressembler à Dieu, notre discours doit céder la place à notre devenir.
Je vais vous raconter une histoire vraie. Dans toute l’Inde, on prie le Seigneur Krishna, un grand Maître spirituel qui vécut il y a des milliers d’années. Dans un certain village du Bengale, en Inde, vivait le serviteur d’un homme riche. Il se rendait tous les jours chez son maître en traversant la rivière en bateau. Un jour, une tempête éclata. Le bateau ne pouvait pas traverser la rivière en furie, et le serviteur, forcé de faire un détour de plusieurs kilomètres pour traverser la rivière sur un pont, arriva en retard chez son maître. Celui-ci était furieux. « Imbécile! Si tu avais prononcé le nom du Seigneur Krishna trois fois, tu aurais su que tu n’avais pas besoin d’un bateau. Tu aurais pu traverser la rivière à pied ! »
Ce même après-midi, comme la tempête ne se calmait pas, le pauvre serviteur se trouva dans la même situation. Cette fois-ci, dans sa foi la plus simple, il obéit à son maître. Des profondeurs de son cœur, il prononça le nom du Seigneur Krishna. Et ô miracle, il ressentit une force le poussant vers l’eau, et il put marcher sur les flots. C’est ainsi qu’il traversa la rivière.
Lorsqu’il entendit son récit, le maître bondit de joie. Une vague de fierté emplit son cœur. N’était-ce pas son conseil qui était à l’origine de ce succès ? « Je ne savais pas que mes conseils avaient une telle force, » pensa-t-il. « Je vais expérimenter ce miracle moi-même. »
Le riche maître se rendit à la rivière, à présent calme et sereine, et prononça trois fois le nom du Seigneur Krishna. Il commença à traverser, mais la peur et le doute torturèrent son être tout entier, et bien qu’il se mit à hurler le nom sacré des centaines de fois, ses efforts furent vains et il se noya.
Quelle est la moralité de cette histoire ? Le serviteur avait une foi sincère en son maître. Il avait également une foi implicite en Krishna. Ce fut cette foi absolue en la puissance divine qui le sauva et prouva la grâce du Seigneur Krishna.
Comment planter les graines de la foi
Lorsque quelque chose est vrai, vous le ressentez dans les profondeurs mêmes de votre cœur, bien que parfois, cela n’arrive qu’au bout d’un certain temps. Une fois une graine semée, il faut quelques mois pour qu’elle germe. Au bout d’un an, elle devient un arbrisseau et un jour, elle devient un énorme banyan.
Lorsque vous commencez à vous intéresser à la vie spirituelle, vous avez semé la graine. Vous ne verrez probablement pas les résultats immédiatement. Vous ressentirez certainement de la lumière et de la paix, mais vous devez d’abord avoir la foi.
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La foi d’un enfant
Vous êtes l’enfant de Dieu, et non pas l’esclave de Dieu. Si vous pouvez approcher Dieu comme vous approchez votre père, alors vous pourrez dire : « Mon Père est riche. Mon Père est grand. Mon Père est gentil. Il doit me donner une partie de Sa gentillesse, de Sa grandeur et de Sa richesse. » Tel est le sentiment spontané d’un enfant.
Si vous avez le sentiment que Dieu est le Maître et que vous êtes Son esclave, comment trouverez-vous la foi en vous ? Un esclave dira immédiatement : «‑Aujourd’hui, Il est mon maître. Demain, Il pourra me renvoyer. » Un esclave ne peut revendiquer la fortune ou la capacité de son maître comme siennes, tandis qu’un enfant le peut.
Si vous voulez avoir foi en vous-même, vous devez d’abord ressentir quel genre de lien ou de relation vous avez établi avec votre Pilote Intérieur. S’il s’agit d’une relation de père à enfant, ou de mère à enfant, ou d’amoureux à bien-aimé, s’il s’agit de la relation entre deux amis les plus intimes et les plus proches, alors vous pouvez tout attendre de Dieu. Mais tant que vous ne pourrez établir cette unité si douce entre vous et Dieu, comment pourrez-vous maintenir votre foi ? Si vous vous dites : « Il est très élevé ; Il est le Seigneur Suprême, et je ne suis qu’une créature insignifiante », il ne peut y avoir aucun sentiment d’unité. Si vous vous considérez comme une toute petite fourmi et Dieu comme un énorme éléphant, vous direz naturellement : « Oh, comment pourrais-je avoir la moindre force ou la moindre capacité ? Je suis si faible et insignifiant. » Si vous pensez à Dieu comme à quelqu’Un qui n’attend qu’une seule chose, vous donner ce qu’Il possède, alors vous vous direz : « La force que Dieu possède m’appartient. Une fois l’heure venue, Il me l’offrira. » Lorsque vous aurez établi ce genre de sentiment, lorsque vous ressentirez que votre Père vous donne tout ce dont vous avez besoin, automatiquement, vous serez empli de foi.
L’ennemi : la peur, et le héros : le courage
Dans la vie spirituelle, le courage est absolument indispensable. L’acceptation même de la vie spirituelle exige un immense courage. Ce courage n’est pas celui d’une personne ambitieuse et brutale qui l’emporte sur les autres pour affirmer sa supériorité ; c’est quelque chose de tout à fait différent. Ce courage est notre conscience constante de ce en quoi nous entrons, de ce que nous allons devenir et de ce que nous allons révéler.
La peur est une force négative, une force destructrice, et nous sommes les soldats qui combattons ces forces. La peur vient de l’obscurité, de l’ignorance. Lorsque nous entrons dans une pièce complètement plongée dans l’obscurité, nous avons peur. Mais dès que nous allumons la lumière, l’obscurité fait place à la lumière et notre peur s’évanouit.
Pourquoi la peur existe-t-elle ?
La peur peut survenir pour de nombreuses raisons, mais la raison essentielle est notre sentiment de séparativité.
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Se libérer de la peur
La peur peut se trouver dans toutes les parties de notre être‑: dans notre corps, notre vital, notre mental et notre cœur. Pour libérer notre corps de la peur, nous avons besoin de l’expérience glorieuse de notre âme. Pour libérer notre vital de la peur, nous avons besoin de l’expansion dynamique de notre âme. Pour libérer notre mental de la peur, nous avons besoin de l’illumination transformatrice de notre âme. Enfin, pour libérer notre cœur de la peur, nous avons besoin de la perfection comblante de notre âme.
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Pour vaincre la peur dans le mental, il faut vider chaque jour le mental. Le mental est plein de doute, d’obscurité, d’ignorance, de suspicion, et de bien d’autres choses encore. Tôt le matin, pendant environ dix minutes, essayez de n’avoir aucune pensée — bonne ou mauvaise, divine ou non. Si une pensée tente de s’infiltrer, ne la laissez pas entrer. Puis, au bout d’un certain temps, ne permettez qu’aux pensées divines, celles qui sont vos amies, d’entrer. Au début, il se peut que vous ne sachiez pas distinguer vos pensées amies de vos pensées ennemies, aussi devrez-vous être prudent.
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La peur de l’échec
Pour conquérir la peur de l’échec, vous devez d’abord savoir ce qu’est l’échec et ce qu’il peut faire. La peur disparaîtra aussitôt que vous réaliserez, non seulement que l’échec n’est pas honteux, préjudiciable, destructif ou douloureux, mais encore qu’il est tout à fait naturel. Lorsqu’un enfant commence à marcher, il lui arrive souvent de trébucher et de tomber. Il n’a pas l’impression que le fait de tomber est un échec. Pour lui, il est normal de pouvoir se tenir debout pendant un moment et de tomber à nouveau.
Si vous considérez l’échec non pas à l’opposé de la réalité, mais à la base de la réalité et la devenant, alors votre peur disparaîtra. Nous pensons que l’échec est contraire à notre attente, mais en fait il nous pousse en avant. Ce que nous appelons échec est, aux yeux de Dieu, une simple expérience. Nous devons toujours considérer l’échec, non pas comme un produit fini ni comme le point culminant d’une expérience, mais plutôt comme une partie de l’expérience.
Imaginons par exemple que vous avez travaillé très tard pour terminer un projet particulier et que vous le ratez. Au lieu de vous laisser aller au désespoir et à la déception, essayez de voir le but divin de votre activité. Peut-être vous a-t-elle aidé à développer votre patience, votre sagesse, ou encore d’autres qualités divines. En adoptant cette attitude, vous serez capable de dépasser les coups durs de l’échec.
La peur de la vie intérieure
Il arrive que des personnes aient peur de la spiritualité. Si elles connaissaient la véritable signification de la spiritualité, elles s’y consacreraient instantanément. La spiritualité nous montre notre but, et ce but est la réalisation de l’Infini en nous.
Peut-être avez-vous peur de la vie intérieure. Vous pouvez penser qu’aussitôt lancé dans la vie intérieure, vous serez complètement perdu, comme un enfant dans la forêt. Vous pouvez aussi penser qu’en acceptant la vie intérieure vous allez construire des châteaux de cartes. Et enfin, vous pouvez penser qu’accepter la vie intérieure est comme se jeter dans la gueule d’un lion qui va vous dévorer complètement. Vous avez d’innombrables beaux rêves. Vous voulez transformer ces rêves en réalités et vous pensez qu’en vous embarquant dans la vie intérieure, vous serez privé de toutes ces réalités. Vous vous écartez donc naturellement de la vie intérieure.
Or la lumière intérieure ne peut jamais vous décevoir. C’est la nuit qui déçoit. En nageant dans l’océan de la lumière, vous ne vous perdrez jamais. Pendant votre méditation, et pendant votre journée, essayez de ressentir consciemment que vous grandissez dans la lumière intérieure. Si vous grandissez dans la lumière intérieure, votre sentiment de peur doit disparaître. Vous êtes venu au monde, procédant de la lumière intérieure, et à présent, vous en devenez plus conscient.
Si vous avez peur d’entrer de tout votre cœur dans la vie spirituelle, demandez-vous si le monde extérieur peut vraiment vous satisfaire. Un jour, après une bonne méditation, prenez quelques instants pour vous comparer à vos amis ou à des personnes qui n’aspirent pas. Certains d’entre eux peuvent être très riches et prospères, d’autres peuvent avoir de grandes familles, mais leur vie leur a-t-elle apporté un vrai bonheur, ou bien de la frustration et des soucis ? Puis, examinez votre propre vie. Peut-être n’avez-vous pas des millions de dollars, mais vous êtes cependant la personne la plus heureuse qui soit. Qu’est-ce qui vous a rendu heureux ? Votre aspiration et votre méditation.
La vie spirituelle ne peut jamais être une vie artificielle. La spiritualité est quelque chose de naturel et de spontané. Elle nous dit que nous n’avons pas besoin d’être enchaînés par la frustration, la peur et l’anxiété. Elle nous dit que si notre vie extérieure est pleine de misères, de frustrations, de défaites et de limites, il est également vrai que nous avons en nous un idéal de vie qui est toute harmonie, toute perfection et toute réalisation. La vie intérieure désire être le pont vivant qui cherche avec joie et ferveur à relier notre vie présente à notre idéal de vie.
La peur vaincue par la méditation
La méditation est absolument la meilleure manière de vaincre la peur. Dans la méditation, nous nous identifions à l’Immensité, à l’Absolu. Et lorsque nous avons peur de quelqu’un ou de quelque chose, c’est parce que nous ne ressentons pas que cette personne ou cette chose fait partie de nous. Mais lorsque nous établissons notre unité consciente avec l’Absolu, nous ressentons que tout fait partie de nous. Alors comment pourrions-nous nous faire peur ?
Si nous avons peur de quelqu’un, c’est parce que nous n’avons pas suffisamment élargi notre conscience pour l’inclure‑en nous ; nous considérons que l’autre nous est étranger. Je n’ai pas peur de mes membres parce qu’ils m’appartiennent. Lorsque nous pratiquons la spiritualité, nous nous efforçons d’élargir notre conscience jusqu’à ce qu’elle embrasse le monde tout entier. Avec notre conscience éveillée, nous devenons un, entièrement un, avec l’univers. Et une fois devenus consciemment un avec l’univers, nous ne pouvons plus avoir aucune peur.
Le but même de la méditation est d’unifier, d’élargir, d’illuminer et d’immortaliser notre conscience.
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Dieu l’amour
Là où se trouve l’amour, le véritable amour, il ne peut y avoir aucune peur. Pourquoi avons-nous peur ? Nous avons peur parce que nous nous sommes séparés de l’amour de Dieu et que nous pensons à Dieu l’Omnipotent sans penser à Dieu le Tout-Aimant. Pourtant, Dieu l’Omnipotent n’est pas un Dieu qui nous menace ou nous tape les doigts chaque fois que nous faisons une bêtise.
Il n’y a pas de Dieu tyrannique. Il n’y a qu’un seul Dieu, et ce Dieu est Dieu l’Amour.
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L’histoire de Gandhi Buri
Le courage est l’expression extérieure de notre volonté intérieure invincible. Vous pouvez puiser le courage dans votre aspiration lorsque vous pouvez ressentir que vous êtes un instrument-héros du Suprême. Le terme même de « héros », le concept même d’héroïsme peut vous donner du courage. Et par ailleurs, l’aspiration même est courage. Seule une personne courageuse peut aspirer. Lorsque nous aspirons, nous faisons preuve de courage intérieur. Contre le courage intérieur, même la mort ne peut rien faire.
Il était une fois une femme extrêmement patriotique, à l’époque du régime britannique. Elle était une grande admiratrice du célèbre leader indien le Mahatma Gandhi ; son seul nom était pour elle un océan d’inspiration. Bien qu’elle eût soixante treize ans, elle exerça de nombreuses actions patriotiques qui inspirèrent le peuple indien à chasser les Anglais de son pays. Son admiration pour le Mahatma Gandhi valut à cette femme le nom de Gandhi Buri, buri signifiant « vieille femme ».
En 1942, le Mahatma Gandhi fut arrêté, et toute l’Inde se révolta. Dans le pays tout entier, des manifestations furent organisées sous le slogan : «‑Quittez l’Inde », message de Gandhi au gouvernement britannique. Le jour suivant l’arrestation de Gandhi, Gandhi Buri faisait partie d’une manifestation dirigée contre un poste de police. Les manifestants voulaient arracher le drapeau anglais qui flottait au-dessus du poste de police et hisser le drapeau indien à sa place.
La police leur barra la route et menaça les manifestants de tirer dans la foule s’ils continuaient d’avancer. Tout le monde s’arrêta à l’exception de Gandhi Buri. Elle arracha le drapeau indien des mains d’un des jeunes garçons du cortège et courut vers le bâtiment. Au début, les policiers se moquèrent d’elle en la sommant de s’arrêter. « Ça suffit, vieille femme ! Nous ne voulons pas vous tuer. »
La réponse de Gandhi Buri ne se fit pas attendre : « Tuez-moi ! Je n’ai pas peur. Je veux libérer ma Mère, l’Inde ! »
Elle courut vers l’escalier qui menait au sommet du poste de police. Avant même qu’elle pût l’atteindre, elle fut abattue par la police. Elle tenait encore le drapeau dans sa main droite tandis qu’elle chantait le slogan du mouvement pour l’indépendance de l’Inde. Puis elle mourut.
Cette vieille femme si courageuse sacrifia sa vie pour le pays. De nombreuses personnes présentes ce jour dans le cortège de la manifestation ont depuis également sacrifié leur vie pour la libération de l’Inde.
Lorsqu’on est assez sincère pour plonger profondément en soi et ressentir que le courage intérieur est quelque chose qui nous appartient, ce courage intérieur peut apparaître à chaque instant. Lorsque nous utilisons notre volonté inébranlable, que nous pouvons facilement avoir sur commande, nous pouvons facilement vaincre le souffle même de la peur.
Le trésor d’humilité
Mon ego parle, Mon humilité agit.
L’humilité est le véritable secret de la vie spirituelle. Lorsque nous incarnons l’humilité, nous ne sous-estimons ni ne sur-estimons notre vie. L’humilité ne consiste pas à toucher les pieds de quelqu’un. Elle consiste à ressentir notre unité dévouée avec l’humanité. La véritable humilité est l’expansion de notre conscience. C’est la vie de Dieu en nous. Plus nous nous élevons, plus grande est notre promesse envers le Suprême en l’homme. Plus nous recevons de lumière en vertu de notre humilité, plus nous avons à en offrir à l’homme.
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Au cours de notre vie, dès que nous réalisons quelque chose, la fierté, comme la vanité et bien d’autres forces encore entrent immédiatement en nous ; nous chantons nos louanges. Il se peut également que l’insécurité entre en nous ; quelles que soient notre puissance et notre richesse, ou encore notre sagesse, nous n’avons pas confiance en nous. Mais lorsque nous pratiquons la méditation régulièrement et avec dévotion, nous recevons abondamment la paix, la lumière et la félicité. Et dès que nous recevons ces qualités, nous ressentons automatiquement le devoir de devenir inséparables du reste du monde. C’est à ce moment que la véritable humilité apparaît.
Le grand Je et le petit je
L’ego, ou le petit je est extrêmement limité. Il cherche constamment autre chose que lui-même. La nature même de l’ego est d’être insatisfait et mécontent. Il n’est jamais satisfait de ce qu’il a ni de ce qu’il est, parce qu’il pense que la vérité est toujours ailleurs.
Le grand Je, le soi, ne cherche rien, car il incarne tout en lui-même. Nous ne pouvons pas définir le soi universel avec nos concepts intellectuels. Nous ne pouvons le réaliser qu’avec notre aspiration.
Le petit je nous fera toujours ressentir qu’en tant qu’individus, nous sommes très importants. Mais lorsque nous ne nous soucions que de notre propre perfection et que nous ignorons le reste du monde, nous sommes complètement perdus. Notre grand Soi, par contre, nous dit que nous appartenons à l’Infini, à l’Éternel et à l’Immortel. Et en vertu de notre identification à l’Absolu, nous nous soucions de la perfection totale de toute la création de Dieu.
Aider ou servir ?
Nous devons faire attention lorsque nous utilisons le terme « aider ». Employons plutôt le terme «servir ». Lorsque nous servons quelqu’un, nous avons de l’humilité. Mais lorsque nous avons le sentiment d’aider quelqu’un, aussitôt la fierté, la vanité et l’ego viennent en avant. Lorsque nous aidons quelqu’un, nous avons le sentiment d’avoir plus de capacité que cette personne, et lorsque nous sommes aidés, nous avons le sentiment d’avoir moins de capacité que la personne qui nous aide. A l’intérieur de l’aide, il y a un sentiment de supériorité ou d’infériorité. Mais lorsque nous servons avec dévotion, il ne peut y avoir d’orgueil, parce que nous ne nous sentons pas supérieurs. Nous avons le sentiment de servir le Suprême en d’autres. Lorsque nous rendons service, nous aidons l’autre à ressentir la présence du Suprême en lui. Le véritable service se rend avec humilité, et cela ne peut se faire qu’avec une aspiration authentique et constante.
Si nous désirons vivre dans le monde et travailler pour le monde, notre attitude devrait être celle du service dévoué. Nous avons reçu une opportunité en or de servir les autres, et nous devrions en remercier Dieu.
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La main droite et la main gauche
Lorsque vous établissez votre unité avec les autres, vous élargissez immédiatement votre conscience. Lorsque quelqu’un fait une bonne chose, ressentez que c’est vous qui l’avez faite. Les autres devraient en faire autant lorsque vous faites quelque chose d’important. Chaque fois qu’une personne fait quelque chose de vraiment bien, nous devons ressentir que c’est notre inspiration et notre aspiration conscientes qui ont permis à cette personne d’obtenir ce succès. En maintenant toujours un esprit d’équipe, nous pourrons conquérir notre ego.
L’ego vient de la séparativité. Comment peut-on encore avoir de l’ego lorsqu’on ressent une véritable unité profonde ? Où se trouve la conscience du je si, lorsque je fais quelque chose, vous pouvez le revendiquer ? Où se trouve la conscience du vous, si, lorsque vous faites quelque chose, je peux le revendiquer ? Le je comme le vous disparaissent dans notre sentiment mutuel d’unité. Lorsque nous nous identifions aux autres, nous ressentons notre unité avec eux et l’esprit de compétition disparaît de notre vie. Il ne peut plus y avoir d’ego.
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La goutte et l’océan
La conception commune du sentiment de sécurité est un accomplissement ou une possession sur le plan physique. Mais un sentiment de sécurité durable ne peut jamais venir d’une possession ou d’un accomplissement. Impossible ! Même le président de la République, qui a la position la plus haute, peut être balayé à chaque seconde comme une simple feuille. Le sentiment de sécurité ne vient que lorsqu’on a établi une unité permanente avec son âme.
Si nous voulons devenir un avec notre âme, nous devons toujours essayer d’être conscients de notre Source, qui est la paix, la lumière et la béatitude éternelles. Si notre Source est quelque chose de divin, d’éternel et d’infini, comment pouvons-nous nous sentir en position d’insécurité ? Nous sommes inquiets lorsque nous avons l’impression d’être entourés d’obscurité. La nuit, nous avons peur parce qu’il n’y a pas de lumière. Nous ne devons jamais oublier que l’Être qui est en nous et autour de nous est toute Lumière, et cette Lumière est immortelle. Tout ce qui est réel, divinement réel, est immortel. La réalité en nous est divine et éternelle. Si nous avons quelque chose d’éternel en nous qui pense à nous et prend soin de nous, de quoi pouvons-nous nous inquiéter ?
Si vous pouvez penser consciemment et constamment que vous provenez de la Source, que vous provenez de la Lumière et de la Félicité et que votre but ultime est de retourner à la Lumière et à la Félicité, vous n’aurez plus de sentiment d’insécurité. Tant que la petite goutte d’eau retient son individualité et sa séparativité, elle est dans l’insécurité. Les vagues et les flots de l’océan la font mourir de peur. Mais lorsque la petite goutte entre consciemment dans l’océan, elle devient l’océan lui-même. Alors, elle ne peut plus avoir peur de rien.
Humilité et pouvoir
L’humilité n’est pas un signe de lâcheté. L’humilité fervente est une forme de puissance divine. L’humilité est la force de l’âme. Ce que nous appelons « humilité » au Ciel, nous l’appelons « force » sur terre. Lorsque la force de l’âme se manifeste, elle le fait à travers l’humilité.
Le pouvoir au niveau du physique, du vital et du mental trouve difficile d’être humble. Mais le pouvoir au niveau du cœur trouve très facile d’être humble. Le pouvoir du cœur possède le sentiment d’unité.
Comment peut-on avoir en même temps le pouvoir et l’humilité ? La mère est bien plus forte et sage que son enfant. Mais la mère ne pense pas qu’il est indigne de toucher les pieds de son enfant. Elle sait qu’elle le fait par la force de son unité avec lui. La mère est très grande, par rapport à l’enfant, mais lorsqu’elle veut donner à manger à l’enfant, elle se baisse. L’amour de l’enfant pour sa mère ne diminuera pas du fait que sa mère s’est baissée. Au contraire, il n’en sera que grandi. L’enfant voit que sa mère est grande et qu’elle pourrait facilement rester à sa propre hauteur tandis que l’enfant se bat pour grandir. Mais par bonté, elle ne le fait pas. Il n’y a aucun sentiment de supériorité : il n’y a qu’un sentiment d’unité. L’humilité signifie l’unité avec le reste du monde. Par la force de notre humilité, nous grandissons. La grandeur est elle-même une forme de puissance.
Nous devons réaliser
Qu’il n’y a qu’une seule manière
D’acquérir des possibilités infinies.
Cette manière repose sur la plus grande puissance :
L’humilité.
Dieu ne frappe qu’à la porte d’humilité du cœur
Il y a de nombreuses années, un aspirant se rendit à une réunion du grand Maître indien Swami Bhaskarananda pour lui poser quelques questions. Bhaskarananda avait répondu à toutes les questions des autres personnes présentes, mais il se refusa à répondre à cet aspirant. Au contraire, il l’insulta même et lui demanda de partir.
Tout le monde était choqué par le comportement du Maître, et l’aspirant rentra chez lui très malheureux. Mais au cours de la nuit suivante, il eut un rêve, et dans ce rêve, Swami Bhaskarananda répondit à toutes ses questions avec la plus grande affection.
Le jour suivant, l’aspirant expliqua aux autres pourquoi le Maître n’avait pas répondu à ses questions devant tout le monde. Les autres avaient posé leurs questions avec la plus grande sincérité et avec humilité, tandis qu’il avait posé les siennes avec une immense fierté. C’est pourquoi Swami Bhaskarananda l’avait insulté au lieu de répondre à ses questions. Cette nuit, Swami Bhaskarananda lui avait pardonné et avait répondu à ses questions dans son rêve. L’aspirant était très satisfait des réponses et extrêmement reconnaissant envers Swami Bhaskarananda d’avoir éclairé sa fierté.
La fierté sépare, l’humilité unit. La fierté est la vision de l’homme aveugle. L’humilité est la vision de l’homme de Dieu. Un Maître sait qu’un chercheur ne peut rien recevoir tant que la fierté est ce qu’il possède et ce qu’il est. L’humilité est la réceptivité dans le sens le plus pur du terme. L’humilité accueille à la fois Dieu le Créateur et Dieu la création dans sa vie en croissance perpétuelle et dans son cœur s’élevant à jamais.
La véritable et la fausse humilité
L’humilité ne signifie pas fausse modestie. L’humilité ne signifie pas se tenir en retrait. Lorsque vous vous tenez en retrait consciemment et délibérément pour montrer aux autres combien vous êtes humble, vous ne faites pas du tout preuve d’humilité.
La fausse humilité est ce qu’un esclave montre à son maître. Un esclave sait que s’il n’obéit pas aveuglément à son maître, s’il ne lui montre pas cette sorte d’humilité extérieure, son maître le punira.
La véritable humilité est quelque chose de tout à fait différent : c’est le sentiment d’unité. L’humilité signifie donner de la joie aux autres. Ici sur terre, nous recherchons de la joie. Mais comment obtenons-nous de la joie ? Nous obtenons la véritable joie en nous donnant nous-mêmes et non en possédant ou en exerçant notre supériorité. Lorsque nous permettons aux autres d’être heureux, nous ressentons alors notre joie plus complète, plus parfaite, plus divine. En faisant ressentir aux autres qu’ils sont aussi importants, voire plus importants que nous, nous montrons notre véritable humilité.
Celui qui connaît le sens de l’humilité est véritablement divin. L’humilité est divinité. L’humilité est la lumière de notre âme qui se répand tout autour de nous. Lorsque la lumière de l’âme s’exprime à travers l’être physique grâce à l’unité absolue avec tous les êtres humains, cela même est l’humilité divine. Rien ne peut entrer dans un individu de manière à la fois aussi silencieuse et convaincante que l’humilité.
C’est à travers l’humilité que nous pouvons plonger au plus profond et grimper au plus haut dans notre méditation. Dans l’humilité se trouve l’unité, et dans l’unité se trouve notre réalité divine.
L’humilité de la nature
C’est lorsque vous avez vraiment quelque chose à offrir au monde, que vous pouvez devenir vraiment humble. Un arbre, tant qu’il ne peut offrir de fruits, reste tout droit. Mais lorsqu’il est chargé de fruits, il ploie. Tant que vous êtes plein de fierté et d’ego, personne ne pourra jamais obtenir quoique ce soit de valable de vous. Mais lorsque vous faites preuve de véritable humilité, c’est le signe que vous avez quelque chose à offrir à l’humanité.
Comment pouvez-vous devenir humble ? En méditant sur un arbre. Lorsqu’il offre ses fruits au monde, il ploie avec la plus grande humilité. Lorsqu’il offre son ombre ou sa protection, il les offre à tout le monde, quels que soient la richesse, le rang ou la capacité. Lorsque l’arbre s’enrichit de fleurs et de fruits, il ploie et partage ses fruits avec le monde entier.
Regardez notre mère, la Terre, qui nous protège, nous nourrit et nous abrite tant qu’elle peut. Combien de mal lui fait-on ! Et pourtant, elle pardonne tout. Nous pouvons voir l’humilité là, devant nous, dans un bout de gazon. Lorsque nous regardons l’herbe de nos yeux humains, nous n’y accordons aucune importance. N’importe qui peut marcher dessus. Mais lorsque nous la regardons de notre œil intérieur, nous voyons sa grandeur. Tôt le matin, lorsque nous voyons la rosée sur l’herbe, nous nous exclamons : « Comme c’est beau ! » Quelques heures plus tard, nous la foulerons probablement de nos pieds. Et pourtant elle ne se plaint jamais ni ne se révolte. Quand nous marchons doucement sur l’herbe, nous pouvons ressentir notre sentiment d’unité avec notre mère, la Terre. Si nous avons la capacité intérieure d’apprécier l’herbe, nous pouvons nous dire : « Comme -elle est humble et dévouée ! »